La Chine est un pays immense à la civilisation millénaire, quels sont tes conseils pour le découvrir au mieux ?
Arthur :
" Tu as raison de dire que la Chine est un pays immense à la civilisation millénaire. Il n’y a pas « une » Chine, il y a une multitude de Chine(s) !
Il y a d’abord la Chine des villes, métropoles de plusieurs millions d’habitants à chaque fois, qui se sont fortement développées avec l’essor économique du pays et l’exode rural qu’il a entraîné. Des villes aussi célèbres que Pékin, Shanghai ou Canton. Pékin la capitale du Nord, construite autour de la Cité Interdite selon un plan carré parfait, où traditions et modernité se mélangent. Shanghai, c’est la dynamique capitale économique du pays. Une ville en perpétuel mouvement et transformation, qui n’a rien à envier à New York ou Tokyo ! Un séjour de 8 jours par exemple qui combine ces deux villes est déjà une excellente manière d’aborder le pays.
Il y a aussi la Chine rurale, des campagnes, des rizières, des paysages et des habitats traditionnels qui ont traversé les siècles avec des lieux extraordinaires naturels comme la rivière Li à Guilin : cette rivière qui se faufile entre les pains de sucre calcaires noyés de brume ou culturels comme l’armée enterrée près de Xian et ses soldats en terre cuite qui ont été découverts sachant qu’il en reste encore sous terre… Alors si on a un peu plus de temps, 2 ou 3 semaines, un circuit par exemple du nord au sud, de Pékin à Canton ou Hong Kong permet de visiter les principaux sites.
Et la Chine, c’est aussi la Route de la Soie qui traverse tout le pays, d’est en ouest, vers les caravanes sérails de l’Asie centrale. Ce sont les paysages lunaires du désert de Gobi, au-delà de la Grande Muraille. Diamétralement opposé, c’est le Yunnan, la province tropicale de la Chine, voisine du Viet Nam et du Laos, où les rizières en terrasse et la jungle font progressivement place vers l’Ouest à l’Himalaya. Justement, la Chine, c’est aussi l’Himalaya et le Tibet, sans vouloir rentrer ici dans des considérations politiques…
Donc pour découvrir au mieux ce pays-continent, il ne faut pas un voyage mais plusieurs voyages. Un premier voyage pour découvrir les incontournables qui sera plus ou moins long selon le temps que l’on peut libérer. Puis, il faudra faire d’autres voyages en ciblant des provinces différentes. Chaque province en Chine est environ l’équivalent d’un pays européen de taille moyenne. La diversité de cultures, paysages, et d’histoire qu’on a entre pays européens est identique en Chine entre les provinces…."
Côté nature, les autorités ne protègent pas vraiment leur environnement et polluent beaucoup… Malgré tout observe-t-on une prise de conscience ?
Arthur :
"La Chine a cette image de pays très pollué. On a tous en tête ces images de Pékin ou Shanghai plongées dans un brouillard épais de pollution. Le développement industriel a induit beaucoup de problèmes de pollution et requiert beaucoup d’énergie. Or la production d’électricité en Chine reste très dépendante du charbon dont on sait l’impact négatif pour l’environnement. L’explosion de l’urbanisation n’est pas allée sans les problèmes liés aux embouteillages (avec la pollution qui va avec) aux traitements des déchets, aux besoins en énergie (chauffage ou climatisation). L’exploitation des matières premières, dont les terres rares indispensables pour tous nos objets électroniques comme les téléphones portables, est aussi très polluante.
Les autorités ont pris ce problème à bras le corps. Si la Chine reste le premier pollueur de la planète (en total, pas par habitant…), c’est aussi le pays qui investit le plus dans les énergies vertes et dans la transition écologique. Et comme on sait maintenant que les Chinois ne font pas les choses à moitié…. Et qu’ils obtiennent des résultats spectaculaires quand ils s’en donnent les moyens, comme pour l’économie depuis 20 ans, alors c’est plutôt une bonne nouvelle qu’ils aient cette dynamique ! Selon le gouvernement, la Chine a ainsi créé 2750 réserves naturelles qui représentent 15% de la superficie du pays ! Un tiers des côtes du pays est sanctuarisé à l’instar de ce qui se fait en France avec le conservatoire du littoral. Des opérations de reforestations sont menées à grande échelle. L’usage des énergies renouvelables est en très forte hausse et le pays est d’ailleurs le leader industriel en panneaux solaires ou en éolien. Les normes anti-pollution des véhicules sont aussi exigeantes qu’en Europe et bien plus contraignantes qu’aux Etats-Unis. Il y a une volonté, régulièrement affirmée par le président Xi de faire de la lutte contre le changement climatique une priorité. D’ailleurs, la Chine s’est mobilisée pour que l’Accord de Paris soit signé et a annoncé l’objectif d’une neutralité carbone du pays en 2060. Espérons qu’ils y arrivent !
Ceci dit, certains premiers effets commencent à se faire sentir. Les pics de pollution qu’on a pu connaître à Pékin de façon assez fréquente et systématique il y a 10 ans sont par exemple devenus bien plus rares. Tant mieux !"
Quels sont les circuits que tu recommanderais pour visiter le pays avec le plus d’immersion possible dans la culture locale ?
Arthur : " N’importe où en Chine, on se sent en immersion dans la culture locale tant leur culture est différente de la nôtre ! La Chine, c’est le summum de l’altérité. Rien n’est pareil qu’en occident et c’est aussi ce qui la rend si fascinante. Les langues… l’écriture… la façon de penser… la gastronomie tant dans les plats que dans les baguettes et la façon de prendre les repas !… la religion… le système politique mais aussi le rapport aux nouvelles technologies (en digital et surtout en digital mobile, la Chine est à la pointe) : tout en Chine est différent !
Évidemment, il y a des endroits où les influences occidentales sont présentes, où les touristes sont plus nombreux. J’ai parlé tout à l’heure des principaux sites du pays et il existe plusieurs circuits qui permettent ainsi de visiter les grands sites de la Chine classique. Départ le plus souvent de Pékin avec la visite de la capitale mais aussi de la Grande Muraille puis Xian, Shanghai, Guilin et Yangshuo et fin du périple à Canton ou Hong Kong. Tous ces lieux gardent bien sûr leur personnalité très forte mais sont en même temps très ouverts sur le monde.
Si on veut approcher la culture chinoise de manière plus authentique et traditionnelle, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus. Quelques endroits absolument magiques où l’on plonge au cœur de la culture locale :
Ping Yao : magnifique cité ancienne bien préservée au sud-ouest de Pékin, entourée de remparts et classée au patrimoine mondiale de l’humanité, et qui organise chaque année en septembre un festival international de photographie.
Les Huang Shan ou les montagnes jaunes : au sud-ouest de Shanghai, ce sont peut-être les plus belles montagnes du pays. Pics rocheux et végétation faite de bonzaïs naturels, de pins sylvestres sans oublier le thé. C’est le Lubéron Chinois !
Dans le Fujian, le peuple Hakka a bâti d'étonnantes maisons-forteresses appelés Tulous. Ces habitations collectives sont de forme circulaire ou carrée et certaines datent de plus de 500 ans. Et si on est dans ce coin-là de la Chine, il faut se rendre à Xiamen, ville de taille moyenne, mélange unique d’histoire coloniale (c’était un ancien comptoir britannique comme Hong Kong) et de modernité (la ville a été l’une des premières zones économiques spéciales créé par Deng Xiao Ping lorsque le pays s’est progressivement ouvert au capitalisme).
Dans chaque région, il est possible de dénicher des petits villages au bord de rivières ou accrochés aux montagnes, des rizières en terrasse cultivées ainsi depuis des siècles, des pagodes et autres maisons traditionnelles. Il faut juste prendre le temps de le faire…"